Mes valeurs en crise

J'ai passé une partie de la nuit à discuter avec Dragibus de l'être humain en général, et de sa connerie en particulier. La question originelle était de savoir si cela valait le coup de tenter d'avoir une discussion sérieuse avec "un con", plutôt que de parler de la pluie et du beau temps, bref, des banalités : est-ce qu'au final, la personne la plus odieuse n'est pas celle qui se contente de discussions superficielles, pensant que son interlocuteur ne sera pas capable de répondre autre chose que des idées reçues ("les profs sont incompétents/Les politiqu' y sont tous pourris...). Le drame, c'est qu'à l'instar de Dragibus j'ai toujours eu des valeurs de gauche, ainsi qu'une culture humaniste distillée par ma chrétienne de grand-mère ("sois gentil avec tout le monde, ce qui compte ce n'est pas l'intelligence, mais la bonté, etc"). Les années passant, et les déceptions amicales aidant, je me retrouve confronté à une crise de mes valeurs sans précédent, je m'explique : je constate que je suis (et Dragibus semble avoir les mêmes problèmes) de plus en plus réac dans mon comportement (souvent je rabache qu'il faut plus de profs, des classes moins chargées, responsabiliser les parents, arrêter l'assistanat, remettre des cours de "savoir vivre" dans les petites classes"... Si vous me demandez ce que j'irai voter en 2007, et bien sans hésitation, je vous répondrai "LCR", et en même temps, je suis écoeuré par le comportement des gens, des masses populaires qui sont aussi connes que les couches aisées de la population, le socialisme bien-pensant de certains parisiens du XVI ième arrondissement... Comme le disait un copain roumain, qui avait un accent digne d'Arnold Shwarzenegger version soviétique (!!!) : - Les pauvres sont méchants car ils n'ont pas d'argent, les riches sont méchants car ils ont trop d'argent... Du coup, tout le monde est méchant ! Du coup, ça fait quelques temps que j'ai du mal à aller à la Messe (hé oui, il existe des jeunes cathos d'extrême-gauche, ne riez pas, on est une petite minorité!), mes pulsions misanthropiques me font sentir une certaine culpabilité... Bon, j'arrête de vous saoûler avec mes névroses, on sait jamais, c'est peut-être contagieux... :)

Comments

[dragibus]

Si tous les cathos qui fréquentent de temps à autre les églises se posaient ce genre de question, je pense qu'elles n'existeraient même plus (encore un constat misanthrope que j'assume). En ce qui me concerne, j'assume le clivage entre mes idéaux théoriques et mon comportement, parfois pyranha lors d'interactions concrètes avec de vrais représentants de l'espèce humaine, qu'ils se nourissent de caviar ou de poisson pané (tiens, je fais partie de la deuxième catégorie), qu'ils soient professeur émérite d'une université prestigieuse ou sans diplome (en fait, je crois que je ne connais aucun de ces deux extrêmes), qu'ils me parlent de la théorie de la relativité et des trous noirs ou du temps qu'il faisait l'année dernière à la même époque... notre problème à tous les deux, c'est simplement qu'on a le "gêne moqueur", c'est héréditaire, c'est irrepressible et finalement (cela fait-il de nous des monstres?), tout ce qui compte, c'est de savoir aussi se moquer de soi, si on se pensait parfaits et irréprochables, si on n'acceptait pas les stéréotypes attachés à tout ce qu'on est, effectivement nous serions plus qu'appauvris et limités mais c'est pas le cas, alors n'anticipons pas les dommages cérébraux que pourraient provoquer la moquerie à outrance d'ici quelques décénies dans nos esprits parfois malades...