25 janvier 2006
Takashi Miike, poète de l'extrême
En matière de cinéma, lorsqu'on parle de génie incontestable, on parle souvent d'Orson Wells, d'Ingmar Bergman, ou de Stanley Kubrick... Peut-être qu'un jour on évoquera Takashi Miike, le réalisateur japonais le plus prolifique de cette dernière décénie.
J'ai découvert ce cinéaste chez un ami, qui m'a un jour proposé de voir un film intitulé Audition, pendant qu'il partait travailler... Ce jour-là, j'ai pris une claque cinématographique en pleine tête : sans vous dévoiler la fin du film, je dirai juste qu'il est question pendant une bonne heure d'une histoire tout à fait classique, avant qu'une machination diabolique se dévoile peu à peu. Problème : à ce moment là, vous vous doutez de ce qui va se passer, que tout va basculer dans l'horreur la plus totale, mais impossible d'éteindre la télé ! J'ai donc passer la dernière heure la main posée sur la barre d'espace (c'était un DIVX, je sais, non, ne me foutez pas en taule, pitié, c'était pour ma consomation personnelle !), et là, le choc : j'ai été à la fois choqué, et dégoutté par l'aspect gore des images, ce qui est rare. Souvent, dans un film d'horreur standard, il est difficile d'avoir peur et d'être écoeuré en même temps : c'est souvent soi l'un soit l'autre (je vois déjà Dragibus se foutre de ma gueule, affirmant que je suis qu'une fillette... Il faut que vous sachiez que Dragibus regarde un film d'horreur comme vous allez faire vos courses : elle a une culture des séries B proprement hallucinante). Bref, dans Audition, vous avez un scénario de qualité, effrayant non pas parce qu'un tueur en série court après une blonde écervelée, mais pour ce qu'il implique sur la nature humaine, et avec des effets gores d'une violence inouïe... Âme sensible s'abstenir...
Les jours suivants, je n'ai pas arrêter de penser à ce film, choqué, me disant pour la première fois de ma vie que la censure devrait être réhabiliter pour ce genre de films, tant il avait l'air d'être réalisé par un génie du mal... Jusqu'au moment où je me suis rendu à l'évidence : Takashi Miike était un génie... tout court, qui arrive à vous réaliser un cinéma tout ce qu'il y a de plus banal, pour sombrer progressivement dans l'horreur maladive à l'état pur.
Une semaine plus tard, j'étais dépité : comment vivre une expérience cinématographique aussi intense ?
- En regardant une autre oeuvre de Takashii Miike, me répondit mon ami.
Et c'est ainsi que je vis, (plus tard), Visitor Q... Tout ce que je pourrai vous dire, c'est qu'il est aussi intense qu'Audition. Je ne dévoilerai rien du scénario, à part la première image du film, un fond noir posant une question :
Avez-vous déjà couché avec votre fille ?
Tout un programme, donc...
Je n'ai malheureusement pas vu Gozu et Ichi the killer, deux films tout aussi sombres qui ont reçu aussi d'excellentes critiques, mais j'ai en ma possession sa trilogie culte : Dead or Alive, dont les films n'ont en commun que les deux acteurs principaux ! Là aussi, on a affaire à des oeuvres folles, le premier métrage valant son pesant d'or pour un Tokyo dépeint comme le paradis de la drogue, des putes et de la violence avec une introduction et une conclusion cultes (vous verrez!!!). Le second volet est un véritable film d'auteur(!) sur la nostalgie de yakuzas déclinats. Le troisième chapitre, lui, est un film de Science-Fiction ...
Vous l'aurez compris, ce n'est pas un cinéma familial, et je comprend tout à fait que certaines personnes n'aient pas envie de voir des oeuvres aussi choquantes. Takashi Miike a un talent tel que ses oeuvres sont mille fois plus choquantes que la plupart des films d'horreur gore américains... il n'y a pas de doute, nous avons affaire à un vrai poète de l'extrême...
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