Les séries contre le cinéma : qui va s'imposer ?
Vous préférez les séries télé ou le cinéma ?
Il y a quelques années, la question aurait pu sembler incongrue :
comment peut-on comparer deux médias si différents ? Et la télévision, encore aujourd'hui, n'est-elle pas synonyme de médiocrité ?
Pourtant, aujourd'hui, cette question est plus que jamais simplement d'actualité : ne serait-ce que parce les séries télé actuelles n'ont plus rien à voir avec ce qui se faisait il y a quinze ans : scénario travaillé en profondeur, gros budget, réalisation léchée, acteurs talentueux... nombreux sont les facteurs qui peuvent expliquer le succès de Lost, 24 et autre Rome. Cela se traduit bien évidemment par une explosion des ventes des coffrets DVD de séries : les analystes d'Hollywwod considèrent désormais que le marché de la série est plus lucratif que celui du cinéma !
Mais pourquoi comparer ? Hé bien parce que depuis de nombreuses années, Hollywood est de plus en plus politiquement correct, les scénarios sont donc de plus en plus banals, quand il ne s'agit pas de remakes ! Le nouvel Hollywood des années 70, Eldorado des Coppola, Scorsese, De Palma, Spielberg, Lucas n'a pas duré. Certes, le cinéma a profondément changé, et en trente ans nous avons quand même eut notre lot de chef d'oeuvres, mais force est de constater qu'aujourd'hui que le cinéma américain est dans l'impasse : les fanboys tels que Sam Raimi (et l'ultra-fidèle Spiderman), Del Toro (le labyrinthe de Pan...) et Peter Jackson sont les arbres qui cachent la forêt. Du coup, les scénaristes qui sont passé à la trappe parce que pas assez politiquement corrects, travaillent à la télé : Rome, produit par John "Conan" Millius, étudie de manière explicite le sexe et le pouvoir au sein de la société romaine, 24 traite du terrorisme, et de la manipulation en générale, y compris au travers des médias, Band of brothers nous livre l'émouvante histoire (vraie) de soldats américains combattants durant la Seconde Guerre Mondiale, The Shield nous parle de flics aussi pourris de l'intérieur que les malfrats qu'ils combattent ... Paradoxe des paradoxes, la télé, symbole du nivellement par le bas de notre société, se paie le luxe de nous livrer des oeuvres où les personnages comptent autant que le scénario ! Et pour retrouver au cinéma des héros aussi travaillés, il faut une trilogie de neuf heures telle que le Seigneur des Anneaux ! J'insiste sur ce point : le cinéma, qui se voulait être de l'Art face à une télévision symbole de divertissement, est en perte de vitesse dans la mesure où, en 2h00, on ne peut traiter de manière aussi satisfaisante que dans des épisodes télé la psychologie des différents protagonistes qui animent une histoire.
En définitive, le grand public n'a pas tiré un trait sur le cinéma, car on retouvera toujours d'excellents scénarios, mais il préfère désormais des personnages travaillés, un ton impolitiquement correct...
Et ça, le cinéma commercial ne peut l'offrir ...