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Les Cryptonautes Anonymes
3 décembre 2006

Les infiltrés

Quand j'ai entendu dire dans Mad Movies que le dernier Martin Scorsese était digne de ses plus belles réalisations antérieures (Taxi Driver, Raging Bull...), je n'ai pas voulu le croire : j'avais pourtant bien aimé Gangs of New York (oeuvre génialement bancale) et The Aviator (film lui aussi inégal, et pourtant fascinant avec la citation culte de Di Caprio "That's the way of the future"...), mais je n'attendais pas grand chose d'un remake. Et pourtant... Sans rien dévoiler de l'histoire, le film traite de la confrontation entre une bande mafieuse et des policiers : les deux camps vont simultanément s'infiltrer... Les flics enrôlent chez eux une jeune recrue prometteuse (Mat Damon, troublant) tandis que les gangsters voient débarquer chez eux un chien fou (Leonardo Di Caprio, violent et fragile à la fois). A travers un montage rythmé à cent à l'heure, on va assiser à un trouble jeu du chat et la souris, une partie d'échecs sanglante entre le parain local (un Jack Nicholson des grands jours) et le chef de la police (Martin Sheen, touchant), qui aura évidemment des conséquences pour le moins dramatiques... C'est une oeuvre profondément marquante, tant on finit par oublier progressivement les forces en présence (la police/la pègre), et les enjeux pour entrer dans des "histoires d'hommes" : on se sent à la fois proche des malfrats de Nicholson avec leurs considérations philosophico-foireuses sur l'existence, et des flics avec leurs vannes toujours portées sur le cul (mention spéciale à l'irrascible personnage joué par Mark Wahlberg). Peu à peu vient la désagréable impression d'être face à un échiquier "métaphysique", avec des pions interchangeables. On assiste à une métaphore de l'existence même, à l'image du "The Killer" de John Woow : les deux espions prennent tellement leur boulot à coeur, que parfois on se demande franchement qui est "bon" flic, ou "bon" truand ... C'est donc une oeuvre sur l'identité qui comporte une question angoissante : est-ce que ce sont nos actions qui déterminent ce que nous sommes, ou bien notre environnement ? On retrouve cette problématique dans une séquence où l'on voit Nicholson, mi père-mi diable, va prendre en main la destinée de Mat Damon, alors enfant : que se serait-il passé si ce gosse avait eu une enfance normale ? Il y aurait beaucoup de choses à ajouter, notamment sur la violence pour le moins réaliste. Pour moi, tout le "message" de ce film réside dans la séquence où l'on voit un sergent-instructeur évoquer à l'école de police (et au spectateur) les dommages traumatiques causés par une balle en pleine tête : un simple fait qui mettra, pour le coup, tout le monde d'accord... images
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