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Les Cryptonautes Anonymes
31 octobre 2005

Nostalgie de ce que je ne vivrai jamais...

Il m'arrive souvent d'avoir une pensée très bizarre (J'imagine que les lecteurs réguliers doivent se dire "tiens, ça change des autres jours"... Ce que vous pouvez être cyniques des fois !) lorsque je vois des immeubles particulièrement laid : je ne peux m'empêcher de comparer l'esthétique des H.L.M. avec les bâtisses qui se construisaient durant la Renaissance, et une pensée effrayante nait alors dans mon cerveau torturé : " Mon Dieu, que les archéologues du futur trouveront notre civilisation pauvre !" Les historiens de l'art qui liront ce texte me rétorqueront que toutes les grandes civilisations, comme celles de la Renaissance, ou de l'Empire romain, présentaient à coté des beaux monuments des bâtiments assez laids, destinés au peuple... Certes. Mais que restera-t-il de notre civilisation du béton dans les siècles (je ne parle même pas des millénaires...) à venir ? Pas grand chose. On dirait que l'esthétique a fuit notre société. Je m'explique : au Moyen-Age, les plus beaux batîments étaient surtout religieux (églises, cathédrales, basiliques...). Lorsque le paysan allait à la Messe, qu'il était croyant ou athé, il pouvait voir des vitraux, des gargouilles de pierre menaçantes... Tous ces éléments qu'il ne comprennait pas forcément faisaient parti de son univers mental. Mieux, ce même paysan pouvait apprécier une oeuvre en soi, même si elle était religieuse, parce qu'il régnait alors une esthétique. Au XX ième siècle, Andy Warhole, icône de la culture populaire, a dit que "tout le monde a le droit à son quart d'heure de gloire". Avec les années 60 et la libération des moeurs on a voulu détruire un ordre ancien, les anciennes valeurs, par l'entremise de l'art moderne : plutôt que de révolution on devrait parler de lente réforme puisqu'auparavant les surréalistes avaient entamé ce processus. Du coup l'Art moderne, paradoxe des paradoxes, n'est plus vraiment accessible... Je ne suis pas en train de dire que lorsque je vais au musée d'art moderne de Nice, je n'éprouve rien en ce qui concerne Yves Klein, Arman, tous ces artistes : j'arrive à comprendre pourquoi des violons sont exposés brisés en mille morceaux (les symboles), le sens de la démarche de l'artiste... Mais je ne serai jamais ému comme je le suis à la vue d'une cathédrale, d'une sculture de Michel Ange... même en observant des oeuvres de Picasso, artiste que j'admire. Il ne s'agit pas de comparer des oeuvres, seulement de constater que l'art d'aujourd'hui est le parfait reflet d'une société pauvre et superficielle. Les artistes modernes vont dénoncer quelque chose en exposant par exemple une tache de vomi, mais où est l'esthétique en soi ? Il faut arrêter d'assimiler les détracteurs de l'Art moderne à des réactionnaires incapables de comprendre ce qui est nouveau : j'apprécie ce courant... mais je ne peux l'aimer. Pour moi, cet art est à l'image d'un monde qui ne se retrouve que dans les extrêmes, qui tue et qui dénonce, qui prône la paix et livre la guerre, qui exporte sa propre violence en Irak, qui est asseptisé... J'ai la nostalgie de ce que je ne vivrai jamais, de la Renaissance, une société où l'artiste faisait cohabiter Dieu et la Science pour atteindre la grâce...
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