Mon curé est génial
Hier, je suis allé assister à la Messe de la paroisse de Dragibus (je vous rassure, Dragibus est restée à la maison, elle n'a pas été trainée de force à l'église !) : quelle ne fut pas ma surprise de constater que le prêtre, à maintes reprises, fit preuve de beaucoup d'humour, dénoncant avec esprit les idôles modernes telles que les footballeurs ou les "staracadémiciens" ! Il recommanda de garder l'esprit critique, "même à l'égard de l'Eglise" ! On aurait dit un véritable héritier des "prêtres ouvriers", comme il y en eut en ce siècle : je parle des curés qui étaient proches du monde ouvrier syndicaliste, et qui furent souvent tiraillés entre le Vatican et le PC ! (aujourd'hui en France, on en dénombre un millier).
Durant toute mon adolescence, j'ai vécu avec une contradiction énorme : j'avais la sensation d'être révolté par la société qui m'entourait, tout en éprouvant une ferveur religieuse, qui remontait à mon enfance : ma grand-mère, véritable seconde maman, me faisait lire l'Apocalypse quand j'avais 7 ans ! Cela n'a pas fait de moi un fondamentaliste, ou un révisionniste en ce qui concerne l'Inquisition et les guerres de religion, loin de là, mais un étudiant schizophréne ! J'étais de touts les manifestations, mais j'allais à l'église, subissant parfois les moqueries de mes copains communistes anti-cléricaux !
C'est aussi à la fac que j'ai compris que je ne vivais pas en totale contradiction, grâce à un livre de Jacques Ellul, anarchiste chrétien ! Cet auteur pensait que le message de l''Apocalypse (et du Christ!) avait été perverti par l'Eglise, que Jésus était un rebelle, que le Nouveau Testament était en fait source de contestation...
"Plus j'étudiais, et plus je comprenais sérieusement le message biblique (et Biblique entièrement, pas le « doux » message de Jésus !) plus je rencontrais l'impossibilité d'une obéissance servile à l'État, et plus j'apercevais dans cette Bible les orientations vers un certain anarchisme. [..] l'anarchisme me parait, dans son domaine politique la conviction la plus proche de la pensée biblique. » (Anarchie et Christianisme)
C'est aussi à l'université que j'ai retrouvé ces paradoxes dans le cinéma, avec le réalisateur Martin Scorsese, et son mafieux catholique de "Mean Streets" hanté par les contradictions d'un monde violent... Dans "Sleepers", on retrouve un curé "musclé" (Robert De Niro !) dans un superbe film traitant du Péché et de la Rédemption...
Finalement, comme toujours, les faiblesses que nous éprouvons durant l'adolescence deviennent des forces, et aujourd'hui, le franco-italien que je suis réalise la chance d'avoir baigné dans deux cultures humanistes : une chrétienne, l'autre "socialiste" (si vous lisez régulièrement ce blog, vous comprendrez ce que pour moi "socialiste" veut dire)... Et mes amis ont finit par s'y faire !
Pour conclure ce post qui parlait de curé, je ne saurai trop vous recommander de lire cette histoire écrite par Fatalis sur son blog, intitulée "Necessité du renoncement", qui parle notamment d'un prêtre d'un genre particulier... C'est un récit magnifique, mais je n'en dit pas plus...
Amen.
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