Pour une dictature de la culture, camarade !

J'espère que mon message d'hier ne donne pas de moi l'idée d'un sympathisant extrême droite... Je me suis fait peur il n'y pas longtemps lors d'un repas avec mon père, sympathisant gaulliste... Il m'a sorti que, selon lui, le seul succès de l'Union Soviétique était d'avoir rendu la culture classique obligatoire (facile, dans une dictature...). J'ai presque sursauté lorsqu'il m'a dit cela, car cela fait des années que le fondamentaliste qui est en moi se dit (secrêtement) qu'il faudrait à la France une politique éducationnelle d'extrême gauche : plus de pouvoir aux profs (les pleins pouvoirs?), effectif des classes divisé par deux, le reccours au pénal pour les enseignants, suppression des allocations aux parents... L'éducation n'est pas un élément essentiel dans n'importe quel pays, c'est LE DOMAINE le plus important, avec la santé ! Le vide culturel de notre civilisation nécessite des mesures radicales. Et le jour où l'on aura une chaine culturelle sur le canal numéro 1 de notre télévision, eh bien je ne pense pas qu'il y aura tant de gens que cela pour zapper sur une autre chaîne type TF1...

Comments

[Sycophante]

Tu soulèves des problèmes intéressants, et termine ton commentaire par : "ce qui manque c'est l'envie d'apprendre pour apprendre, ce n'est pas un problème d'accès à la culture." Ce constat fait mal quand tu voyages à l'étranger, et te rend compte que dans les pays "matériellement" pauvres les jeunes qui font des études supérieures ont souvent soif de connaissances, et sont hyper motivées à l'idée de gagner une bourse pour étudier dans un pays occidental... Je crois qu'on arrive à une ère où les gens jeunes, et moins jeunes, ne veulent plus se remettre en question d'un point de vue culturelle, au contraire de grands pays comme le Japon et l'Espagne (regardez la richesse de leur cinéma !). Notre civilisation ne veut plus se remettre en question, on devine donc la suite...

[dragibus]

Là encore, je suis partagée selon les jours... d'un côté, je me demande pourquoi la culture légitimée par les élites devrait primer sur la culture des masses? pourquoi ne reconnaît-on pas la valeur et la necessité de chacune d'entre elles... finalement la plupart des classiques d'aujourd'hui ont été les contemporains contestés de leur époque... évidemment cette interrogation ne resiste pas longtemps à l'épreuve des faits... je me rappelle qu'un jour, je regardais la starac et j'enregistrais en même temps un reportage sur Sartre, sur Arte, à un moment, pendant la pub sur TF1, j'ai zappé, et j'ai été saisie par le contraste... et par l'intérêt qu'a éveillé en moi le reportage... ça m'a fait l'effet d'un éléctrochoc, comme si mon cerveau, complètement en veille sur TF1 se trouvait soudainement restimulé... et plus les secondes passaient moins j'avais envie d'appuyer à nouveau sur le maudit bouton n°1 de ma télécommande... le paradoxe dans tout ça c'est qu'après cette soirée là, je ne me suis pas privée de regarder à nouveau la starac et bien pire... je crois que finalement je ne supporte pas les extrêmes, je ne me sens pas du tout "intello", je ne me sens pas du tout "veux une médaille?" non plus, l'essentiel c'est de trouver son équilibre. Pour en revenir à nos moutons, une discipline qui me paraît essentielle est la philo: apprendre à se poser des questions, apprendre à être curieux, apprendre qu'il y a un monde au delà du bouton 1 de la télécommande, au dela du bouton start de la manette de jeu, mais pour autant, que ça ne veut pas dire qu'on a pas droit à un peu de futilité, tant qu'on sait quand, pourquoi et comment. Il faut également se rendre à l'évidence, certains ne seront jamais intéressés par rien, certains veulent juste passer leur vie, entrer dans un moule, suivre leur troupeau, et "cela ne fait pas d'eux des monstres", "il faut de tout tu sais, il faut de tout c'est vrai, il faut de tout pour faire un monde etc.". Tout ça pour dire que le rôle de l'école, à mon sens, ne devrait pas être de bourrer le crâne de la masse avec des noms, des dates, des titres, des mots, des tas d'éléments qu'on oublie des le "contrôle" passé (qui peut se vanter de n'avoir jamais JAMAIS appris un cours, juste pour la note) ou parfois avant, mais plus modestement de montrer une infime partie de l'étendue des créations de l'humanité (de toute façon, plus, c'est pas possible) en insistant sur le fait que c'est à la portée de chacun et que ça peut être aussi amusant que de balancer des carapaces rouges à son collègue de lit dans mario kart. Ce qui manque c'est l'envie d'apprendre pour apprendre, ce n'est pas un problème d'accès à la culture...